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ÉVALUER L’EXPOSITION PROFESSIONNELLE À LA POUSSIÈRE SANS EFFET SPÉCIFIQUE PAR PRÉLÈVEMENT D’AIR SUR LES LIEUX DU TRAVAIL

EFFET TOXIQUE DES POUSSIÈRES SANS EFFET SPÉCIFIQUE SUR LA SANTÉ 

Les poussières sans effet spécifique (PSES) sont définies comme des poussières qui ne présentent pas autres effets que ceux résultant des conséquences d’une surcharge pulmonaire, à défaut d’avoir pu démontrer un effet spécifique. Par exemple sont considérés PSES l’aluminium, hydroxyde d’aluminium, oxyde d’aluminium (sans fibres, à l’exception de la fumée d’oxyde d’aluminium), sulfate de baryum, graphite, poussière de charbon (à très bas taux de quartz, HAPs et de métaux), noir de carbone, poussière de plastique (ex. polychlorure de vinyle, PET), oxyde de magnésium (autres que les fumées d’oxyde de magnésium), carbure de silicium (sans fibres), talc (céramique), tantale (composante électronique).

Au niveau du tractus respiratoire, la toxicocinétique des PSES ne dépend que du dépôt et de la clairance. La clairance est un coefficient d’épuration, correspondant à l’aptitude d’un tissu ou d’un organe, à éliminer une substance d’un fluide organique. La diminution de la clairance est une marque distinctive d’une surcharge pulmonaire. Les effets potentiels des PSES sur le poumon sont donc conséquence d’une surcharge pulmonaire résultat de la rétention des particules associée à une clairance pulmonaire insuffisante en regard de l’exposition. Le dépôt et la clairance déterminent la rétention des particules inhalées (rétention = dépôt – clairance).

Les PSES se déposent dans les compartiments des voies respiratoires (du nasopharynx à la zone alvéolaire) en fonction de leur diamètre aérodynamique. Leur épuration s’effectue par clairance mucociliaire mais les PSES peuvent aussi être internalisées dans le tissu conjonctif pulmonaire (interstitium) ou subir une translocation, notamment vers des ganglions lymphatiques locaux. Cependant leur translocation et leur taux de solubilisation sont faibles, le danger réside donc dans leur biopersistance. La biopersistance est la capacité de certains agents à perdurer longtemps dans des environnements délétères en conservant tout ou une partie de leur entité. L’espèce peut ainsi persister dans des environnements parfois très difficiles.

Le dépôt est dépendant de la concentration en particules, la densité du matériau, la forme des particules et la granulométrie de l’aérosol. Lors d’un accroissement de la charge pulmonaire en poussière (dépôt), la clairance est retardée. A exposition constante, un état d’équilibre (clairance quasi constante) est atteint après plusieurs demi-vies de la particule. La demi-vie est le temps mis par une substance (poussière) pour perdre la moitié de son activité pharmacologique ou physiologique.  Dans un cas extrême, la clairance s’arrête et les particules s’accumulent dans les espaces alvéolaires.

Chez l’Homme (non-fumeur en bonne santé), la clairance pulmonaire des poussières quasi insolubles intervient en deux phases : la première est basée sur la clairance mucociliaire et a une demi-vie comprise entre quelques heures et quelques jours. À l’état normal, l’épithélium respiratoire est recouvert à sa surface d’une mince couche de mucus sécrété par les cellules sécrétoires, principalement les cellules glandulaires bronchiques. Ce film de mucus est transporté hors des voies aériennes grâce aux battements continus des cellules ciliées. Le mucus et l’épuration mucociliaire constituent une barrière de protection efficace entre l’environnement et la muqueuse respiratoire. En réponse à une agression, le mucus sécrété est éliminé par la toux qui supplée le déficit de la clairance mucociliaire.

La seconde phase est essentiellement basée sur la clairance alvéolaire et a une demi-vie d’environ 400 jours. Lors d’une charge en particules plus importante, on observe un afflux de monocytes et les demi-vies d’élimination augmentent car les macrophages, chargés en particules, ne fonctionnent plus de façon optimale et leur migration vers l’escalator mucociliaire est réduite. Les particules migrent alors de façon croissante à travers les cellules alvéolaires de type I (ou entre elles) et peuvent atteindre l’interstitium ; elles peuvent aussi migrer vers le système lymphatique et rejoindre le système sanguin pour aller se déposer dans d’autres organes.

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